Stèle des Camisards

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Cette stèle a été érigée en hommage aux huit personnes qui ont été exécutées ici, entre la fin juillet et la mi-août 1944.

Le charnier — trois fosses de 50 cm à 1, 30 m de profondeur. Deux cadavres une femme et un homme dans la première ; deux femmes et un homme dans la seconde ; 3 trois hommes dans la troisième — découvert à Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard), commune limitrophe d’Alès (Gard), n’a pas la même ampleur et n’a pas eu la même résonance (que Célas). Ce charnier, situé au quartier de La Plaine, au bord du Gardon, était composé de plusieurs fosses contenant huit cadavres, exécutés de façon échelonnée entre la fin juillet et la mi-août.

 

LES VICTIMES :

  • La plus jeune, Magali VELAY, âgée de 20 ans, était originaire d’Uzès et étudiante à Nîmes ; arrêtée le 7 ou le 8 Juillet 1944, elle fut incarcérée et torturée au Fort Vauban à Alès, avant d’être exécutée sommairement le 20 Juillet  par des « Waffen SS » français ; elle reçut, à titre posthume, la Médaille de la Résistance en 1960. Son nom figure sur le monument aux morts de Nîmes.
  • Les trois autres victimes identifiées étaient : Marguerite MESNARD, 69 ans, veuve d’ Antoine (dit Tony) PIN, sa fille Thérèse PIN, âgée de 46 ans, et le compagnon de celle-ci, Maurice HATCHWELL, 50 ans. Ils demeuraient au château de Lentillac (ou Belleau) à Sommières. Le 27 juillet 1944, un groupe de soldats en uniforme allemand, bien renseignés, probablement après dénonciation (Maurice HATCHWELL était d’origine juive, né en Palestine), investit leur demeure, les arrête et dérobe des bijoux, des espèces et des objets, pour une valeur de six millions de francs. Conduites à Alès, au Fort Vauban, les trois victimes en furent extraites pour être exécutées ici-même, probablement le 14 Août. Leurs corps furent retrouvés après la Libération et identifiés le 3 octobre 1944 par le fils de Thérèse, Toni JONESCU et par la gouvernante du château de Sommières. Ils ont tous les trois été reconnus « Morts pour la France ». Leurs noms figurent sur le monument aux morts de Sommières.
  • Enfin, quatre corps sont restés non identifiés ; deux d’entre eux étaient (peut-être) les frères MIALLON, ouvriers agricoles, qui venaient de Saint Gilles et retournaient chez eux en Ardèche, lorsqu’ils auraient été arrêtés à Alès.

 

LES CRIMINELS :

Les auteurs de ces crimes appartenaient à une unité spéciale de l’armée allemande, la division Brandebourg, créée par l’Abwehr (le Service de renseignement militaire allemand) pour combattre les « Partisans » partout en Europe. Surnommés les « Brandebourgeois », les hommes de la 8ème compagnie du 3ème régiment de cette division, vont faire des ravages parmi les Résistants dans tout le sud de la France, entre Mai 1943 et la fin Août 1944. Sorte de « brigade internationale », cette 8ème Compagnie était composée de ressortissants d’une douzaine de nations ; les Français, principalement recrutés parmi les collaborationnistes du Parti populaire français (PPF), en représentaient la plus grande partie. Encadrés par des officiers et sous-officiers allemands aguerris et qui parlaient couramment plusieurs langues, ces hommes agissaient en principe sous l’uniforme allemand, mais aussi en civil (fréquentant les cafés pour aller à la « pêche » aux informations…) ou, lors de leurs actions d’infiltration, en portant des tenues de leurs adversaires (comme des uniformes de parachutistes anglais ou américains …).

C’est début Mai 1944 qu’arrive à Alès, un premier groupe d’une trentaine de « Brandebourgeois » appartenant à la 3e section de la 8ème Compagnie. Leurs quartiers sont installés au Grand Hôtel du Luxembourg, Place de la République à Alès, devenue aujourd’hui Place Gabriel Péri. Très vite, ils vont participer aux attaques meurtrières contre les maquis des environs, et en particulier contre celui de Lasalle, le 16 Juin 1944.

Ils investissent aussi les geôles du Fort Vauban, auparavant utilisées par la Milice de Vichy, pour y mener leurs interrogatoires et leurs tortures. Ceux que l’on appellera désormais la « Bande à Harry » vont aller jusqu’à « l’élimination » de leurs victimes. Leur crime le plus connu est le massacre de 29 patriotes au puits de la mine de Célas situé sur la commune de Servas.

À la mi-Juillet, ils sont « relayés » par un deuxième groupe dit « Bande des Marseillais », recrutés parmi les voyous et les jeunes collaborationnistes de Marseille. Deux frères de la famille Carbone, l’une des plus redoutée de la pègre marseillaise, faisaient partie de ce groupe. Ses membres vont se livrer aux mêmes exactions que leurs prédécesseurs.

Ce sont ces individus qui sont les auteurs ou complices des exécutions de Saint-Hilaire de Brethmas.

Les « Brandebourgeois », vont quitter précipitamment Alès le 16 Août 1944, peu après le débarquement allié en Provence. Ils vont battre en « retraite » en Allemagne, où ils continueront leur lutte fanatique jusqu’à leur défaite.

Après la Libération, quelques-uns seulement seront arrêtés et jugés ; mais, avec le temps et la difficulté à rassembler les preuves de leur implication, ils s’en tireront avec des condamnations réduites. Ce qui n’empêchera pas le Tribunal militaire de Marseille de conclure sa synthèse des crimes commis par les « Brandebourgeois » par la constatation suivante : «  Le crime crapuleux a été élevé au rang d’institution par la 8ème Compagnie »…

SOURCES :

1/« Saint-Hilaire-de-Brethmas (Gard), Charnier, juillet 1944 » notice par Claude Émerique, Jean-Marie Guillon, dans : Le Maitron, Dictionnaire biographique des fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés, 1940-1944 ; version mise en ligne le 6 octobre 2017, dernière modification le 15 décembre 2019.

2/« Sanglante randonnée, La 8e compagnie Brandebourg contre la résistance », Olivier PIGOREAU, éditions KONFIDENT, 05/2021