Une lavogne désigne une petite dépression aménagée par l’Homme sur les causses (« plateaux calcaires ») pour collecter l’eau de pluie et abreuver le bétail voire, lui-même, à une époque plus ancienne. Appelées sotchs ou dolines, ces excavations naturelles ont été étanchéifiées par un tapis argileux destiné à capter et à retenir les eaux de ruissellement, puis pavées de pierres calcaires afin que les onglons des brebis ne percent pas la couche d’argile. Les lavognes étant essentiellement alimentées par les eaux de pluie et de ruissellement, leur niveau varie en fonction des saisons. La lavogne de la Rouquette, aujourd’hui abandonnée, rappelle le passé agricole de la commune[1] et du mas de la Rouquette, en particulier, puisqu’il y avait encore un berger à la Rouquette jusqu’au milieu des années 1990. Depuis 2024, un enfant de la famille Georges, propriétaire du domaine de la Rouquette, a redémarré une activité d’élevage de brebis. La lavogne retrouvera, peut-être, dès lors, sa première utilité.
La source de la Rouquette.
De l’autre côté de la route, on distingue un petit muret en pierres qui matérialise la faille de Barjac. L’eau de pluie s’infiltre dans les fissures du calcaire lacustre, elle s’écoule par gravité jusqu’à la faille. Au niveau de la faille, elle ressurgit sur les grès de Célas imperméables par la présence de marnes, roches riches en argile. Cette faille de Barjac, qui traverse la commune, explique la présence de nombreux puits sur la commune et de cette source en contrebas du mas de la Rouquette.
Alors que les Saint Hilairois étaient alimentés par un puits à l’intérieur de l’église du village, c’est en 1864, que la source de la Rouquette revêt une importance vitale pour les habitants. Avec un débit atteignant plus de 17 mᶟ par jour, la source de la Rouquette parait idéale pour subvenir aux besoins des Saint-Hilairois. Il est vrai qu’il n’y avait ni point d’eau potable, ni lavoir à proximité, seulement des citernes ou des puits privés, l’Avène ou le Gardon étant respectivement situés à 1 et 2 km du centre-village. La mairie décide alors de la construction d’un puits, sur la place principale, alimenté par cette source.
La source de la Rouquette va donc alimenter la fontaine du village 750 m plus loin et fait l’objet d’une polémique durant la période du Second Empire. Deux propriétaires de la Rouquette ont contesté, par huissier, la propriété communale de la source. Ils ont ensuite négocié avec le maire, M. Jalaguier, les conditions de leur indemnisation pour l’usage de l’eau. Ces négociations débouchent sur un traité en 1869, où l’un cède à perpétuité à la commune tous les droits à la source de la Rouquette, mais aura le droit d’utiliser, à son avantage, le trop plein d’eau. L’autre fait établir un tuyau, placé à la dite source, pour être alimenté en eau. Cette source sera essentielle jusqu’en 1956, date à laquelle les travaux de raccordement à l’eau potable seront terminés pour les habitants du village.
[1] Une jasse est un parc dans lequel les moutons de transhumance passaient la nuit.