À la découverte de Larnac, hameau authentique.

Le hameau de Larnac est un point d’entrée dans la commune lorsqu’on vient d’Alès. La limite entre les deux communes coupe le hameau à tel point même qu’elle traverse l’une de ses maisons. Situé, environ, à mi distance entre la route d’Uzès et l’ancienne route de Nîmes, Larnac surplombe la plaine du Gardon faisant face au hameau de Montmoirac[1], situé sur la rive droite du cours d’eau. Pour y accéder, vous devrez gravir un col qui culmine à 1570 décimètres d’altitude[2]. Les exploitations agricoles qui entourent le village (vignes, plantes fourragères, blé, oliviers) lui procurent un écrin de verdure qui le préservent d’une urbanisation envahissante et lui conservent son authenticité.

 

Les noms des rues ou chemins évoquent le passé du hameau. Il en va ainsi, par exemple, du chemin de Gas Gardonnet[3] qui renvoie à l’époque où le passage sur le Gardon se faisait par un gué, le chemin remontant ensuite jusqu’au hameau pour filer en direction des maladreries[4].

Au XIXème siècle, le hameau se développe. Avec la loi Guizot de 1833[5] qui donne une impulsion nouvelle à l’instruction publique, le nombre des écoles augmente un peu partout. Le 24 décembre 1833, Jean Marcon ouvre une école primaire élémentaire dans ce hameau avec l’autorisation du maire Pierre Jalaguier.

En 1853, le hameau de Larnac voit l’autorisation pour la création d’une école privée catholique. En 1854, cette école est transférée dans le village même de Saint-Hilaire.

Nous n’avons pas d’information sur la localisation, ni la durée de ces lieux d’enseignement (hormis pour l’école privée), mais elle est sans doute liée à l’émancipation de l’école de la Jasse à la fin du XIXème siècle[6].

Larnac reste un hameau où il fait bon vivre. Il a été préservé de l’urbanisation galopante grâce aux exploitations agricoles de la plaine située à l’ouest. Larnac, perché sur sa colline, jouit d’une situation géographique privilégiée, c’est pourquoi le hameau possède un riche passé historique et patrimonial.

 

  1. Ancien Château.

Le château fut la propriété de la famille de Bony aux XVIème et XVIIème siècles. Ils deviennent seigneur de Larnac dès 1513. On note un François de Bony, seigneur de Larnac, fils d’Antoine de Bony. Il se marie le 5 septembre 1547 avec Marguerite de La Fare. Pierre de Bony, né vers 1560, est seigneur de Larnac par un acte de notoriété daté de 1600. Il possédait également une maison à Alès, qui a en partie brûlé[7]. Il sera absent jusqu’à la signature de l’Édit de Nantes, en 1598 ; cela laisse penser qu’il était catholique car Alès était majoritairement dirigé par les Huguenots et vivait alors une période troublée entre catholiques et protestants. Pierre de Bony fut marié à Catherine de Porcelet. Suite à la paix d’Alès, le 27 juin 1629, signée par Louis XIII et Richelieu, la liberté de conscience et de culte est réaffirmée. Alès devient dirigé par quatre consuls (maires) paritairement entre catholiques et protestants. Jacques de Bony, seigneur de Larnac est nommé un des deux consuls catholiques d’Alès avec Pierre Bonijol.  Jean Soleyret et Antoine Treilis sont les deux consuls protestants.

Comme en témoigne l’ouvrage de l’abbé André[8], la colline de Larnac est un oppidum d’origine romaine. Des restes de villas gallo-romaine (tuiles plates, céramique) ainsi que des monnaies découverts sur le site en attestent. En privilégiant les points hauts pour installer leur habitat, les hommes cherchaient le moyen le plus sûr pour se préserver contre les crues et autres dangers. On peut lire aussi dans la monographie d’EJ. Rouverand une page consacrée au château de Larnac où est vantée a position avantageuse : « Ce château l’emporte sur celui de Saint-Hilaire, par sa position avantageuse au sommet d’une colline et par l’ampleur de ses riches constructions également modernisées. Des terrasses ou des galeries qui entourent les façades ensoleillées du château, la vue s’étend sur les plaines de Larnac et du Rieu, sur les vallées du Gardon et de l’Avènes ; elle atteint et dépasse les châteaux de Saint-Hilaire et de Montmoirac, les ruines de Monteils et de baron, celle de la Bedosse et de Salindres ». Ce château fut donc il y a plus de cinq siècles la propriété de la famille de Bony, seigneurs de Larnac de 1513 jusqu’en 1688 ; il eut ensuite de multiples propriétaires, nobles puis « roturiers ». A cette époque, le hameau était entouré par un mur d’enceinte et des tours, dont l’une se trouvait à l’emplacement du jardin de la maison située sur la place de Larnac au n°20, vestige aujourd’hui disparu. En redescendant du hameau, en direction de la plaine de Larnac, chemin de Gas Gardonnet (côté Saint-Hilaire), une porte d’entrée du hameau est encore visible avec ses gonds taillés dans la pierre, la partie supérieure ayant été cassée au siècle dernier.

De ce château, localisé à l’emplacement de la propriété située place de Larnac à l’actuel n°54, la vue rayonnait à 360° sur l’ensemble des vallées attenantes.

 

  1. Maison du fermier du Château.

Le fermier était en charge de toutes les terres entourant le château et vivait donc à proximité pour des raisons pratiques. Dans cette maison familiale, il y avait encore, vers 1950, deux « paillers[9] » et une chambre pour le domestique.

 

  1. Place des Acacias.

Elle a été créée sur l’emplacement d’un îlot de quatre maisons collées les unes aux autres, qui ont été démolies en 1971 pour agrandir la rue et faciliter la circulation. Elle est le point d’entrée du hameau pour tous ceux qui viennent de la Jasse et du village. Cette place accueille, chaque année, une fête réunissant tous les habitants du quartier. Depuis les années 80, un repas réunissant tous les Larnacois est organisé, au mois de juin, sur cette place. Ce rendez-vous annuel est devenu un temps fort de la vie du hameau. Outre les liens qu’il permet de tisser entre les habitants, il offre une occasion d’échanger entre voisins, ce que la vie moderne ne permet souvent plus de faire. Bien que très attachés à Saint-Hilaire, les habitants du hameau ont, malgré tout, quelques velléités autonomistes qui se traduisent par l’élection folklorique de leur maire. Pour un soir au moins, Larnac revendique son statut de commune libre.

[1] Commune de Saint Christol Lez Alès.

[2] Non sans humour, un panneau rappelle cette altitude au somment du col dans le cœur du hameau.

[3] Gas : surtout porté dans le Gard, c’est un toponyme ayant le sens de gué. Littéralement un « gué sur le Gardon ».

[4] Quartier de l’est d’Alès, une maladrerie, ou encore léproserie, se dit d’un lieu d’isolement et de prise en charge des malades de la lèpre.

[5] La loi Guizot porte sur l’instruction primaire. Elle énonce deux principes : la liberté de l’enseignement et l’organisation d’un système scolaire public.

[6] Voir article s’y référant.

[7] Un acte de notoriété du 22 janvier 1600 établit que les titres de Pierre de Bony, seigneur de Larnac, ont été brûlés durant les guerres de religion.

[8] Saint-Hilaire de Brethmas, aux portes d’Alès.

[9] Grange servant à stocker la paille.