La Gigalière, un hameau témoin de l’histoire locale.

La Gigalière est un hameau circulaire subdivisé en 7 propriétés. Seulement 6 maisons sont habitées, la septième est une grange. Ces maisons appartiennent encore aujourd’hui aux descendants des familles installées depuis plus de 150 ans.

 

Depuis quand ce hameau existe-il ?

E.-J. Rouverand écrit dans l’article « Quelques notes historiques sur Saint-Hilaire-de-Brethmas » paru dans la revue du Midi le 1 juillet 1896, que dans le compois de 1599, tous les hameaux dont celui de la Gigalière sont répertoriés.

Dans les extraits de naissance des registres paroissiaux de la commune on retrouve des noms récurrents résidant à la Gigalière à la fin du XVIIème siècle : Malachanne, Gascuel, Saussine, Pansier, Franque ou encore Gazagnes. Sur la carte de Cassini[1] réalisée entre 1756 et 1815, ces hameaux sont cartographiés.

 

En contournant ce hameau, on peut observer des éléments patrimoniaux bien conservés, pierres datées, puits, abreuvoir, lavoir, magnaneries, mûriers, et une bergerie. A l’intérieur des maisons, subsiste encore les vestiges d’anciens fours à pain, d’écuries, de caves à vin et des fenêtres intégrées dans des murs maîtres s’ouvrant à l’intérieur des maisons. Ce petit bâti donne des informations sur l’évolution du hameau et permet de reconstituer la vie de ces habitants au XIXème siècle et durant la première moitié du XXème  siècle.

 

Ce hameau existe donc depuis plusieurs siècles mais nous n’avons pas d’information sur son origine. Cependant, quatre pierres gravées sont insérées sur les façades et au-dessus des portails portant les dates suivantes : 1777, 1789 (la date n’est plus visible), 1795 et 1819. Cela indique qu’à partir d’une bâtisse principale, lorsque la famille s’agrandissait et lorsque l’activité économique était plus florissante, des dépendances étaient construites et de nouvelles maisons étaient accolées, d’où la présence de fenêtres entre ces maisons.

Située dans une petite cour intérieure, une moitié d’un four à pain est visible, on peut supposer qu’il était situé auparavant dans une cour centrale du hameau.

 

Grâce aux documents retrouvés et aux témoignages, la chronologie des achats et des ventes des maisons de la Gigalière a pu en partie être reconstituée.

Jean-Louis Saussine et Jean Espérandieu étaient en 1838 respectivement les propriétaires des maisons situées à l’ouest du hameau. Ce sont respectivement les aïeuls des habitants actuels, Mme Honoré née Chantegrel et M. Jean Aiglin. C’est l’article paru dans le courrier du Gard du 14 décembre 1838, qui nous permet de l’affirmer. Il informe que les propriétaires Jean Espérandieu et Jean-Louis Saussine habitants de la Gigalière à Saint-Hilaire de Brethmas ont été expropriés pour la construction de la ligne de chemin de fer reliant La Grand’Combe à Beaucaire[2].

 

Sur le plan cadastral napoléonien daté de 1834, le n°794 correspond à une bâtisse appartenant au même propriétaire. Aujourd’hui, elle est partagée en quatre maisons indépendantes les n° 40, 41, 42, 43 sur le plan cadastral de 1980. Ce propriétaire était certainement M. Jacques Gazagnes, député habitant la Gigalière, signataire des cahiers des doléances de la Sénéchaussée de Nîmes pour les États généraux de 1789 de la commune de Saint-Hilaire de Brethmas. M. Gazagnes, un descendant du député, célibataire sans enfant a vendu cette maison au pasteur Travès. Ce pasteur a eu un fils Paul qui a fait ses études au lycée d’Alès, puis il a obtenu une licence en droit et a exercé son métier d’avocat à Avignon. Ruiné, il est venu habiter la Gigalière, il a eu une fille Paulette qui était la mère de Lucie Boudet âgée de plus de 90 ans et habitant toujours le hameau en 2025. Pour survivre, il a vendu les maisons (n°41, 42) aux frères Maurines et la maison (n°43) à M. Élie Huguet (1823-1895) en 1850. L’aile orientale de la maison Huguet, formant un angle, a été construite après 1870 ; au moment de l’achat de la maison par la famille Huguet, c’était un jardin.

[1] Aussi appelée carte de l’Académie, c’est le premier exemple de carte réalisée à l’échelle du royaume de France au XVIIIème siècle.

[2] Voir l’article sur la gare et la voie ferrée.