La gare et la voie ferrée : un lien vital pour la commune.

La ligne de Beaucaire à la Grand’Combe est ouverte officiellement le 19 août 1840, après sept années de travaux. Lors de l’inauguration, le train part d’Alès avec 26 wagons découverts remplis de 700 invités et il arrive à Nîmes 1h15 plus tard avec une « rapidité féérique ». De Nîmes, elle rejoignait ensuite Beaucaire au bord du Rhône. Cette ligne de 82 km entre le bassin houiller et la vallée du Rhône est, à ce moment-là, la plus longue de France.

Construite sous la conduite de l’ingénieur Paul Talabot, la ligne était principalement destinée à l’acheminement, vers Marseille et la Méditerranée, du charbon extrait des mines de La Grand’Combe puis de l’ensemble du bassin alésien. Elle va très vite être prolongée vers Bessèges, secteur où s’effectuait aussi une grande partie de l’extraction du minerai. La « Compagnie des mines de la Grand’Combe et des chemins de fer du Gard » sera fusionnée en 1852 avec la « Compagnie du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée » qui deviendra, cinq ans plus tard, la célèbre « Paris-Lyon-Méditerranée[1]» (PLM).

La gare était très active, car outre les habitants de Saint-Hilaire, elle servait aux habitants de Deaux et de Vézénobres. D’où l’utilité d’un café, situé au Pailleras[2] entre le village et la gare après un trajet à pied ou en charrette.

C’était une gare de triage qui employait une quarantaine de personnes. Avant les progrès apportés, les travaux de la voie ferrée causèrent des dégâts aux cultures et créèrent des mécontentements parmi les villageois.

 

En effet, le 7 juillet 1838 une lettre adressée par le Préfet du Gard précise, avec les plans parcellaires, la liste des terrains nécessaires à l’exécution du chemin de fer d’Alais à Beaucaire impactant les communes d’Alais, Saint-Hilaire, Vézénobres, Ners et Boucoiran.

Le Préfet demande de poursuivre, s’il y a lieu, l’expropriation pour cause d’utilité publique des propriétaires qui ne consentiraient pas à céder les fonds leur appartenant après évaluation faite.

 

En 1882, une autre compagnie, dénommée Alès-Rhône-Méditerranée (ARM), construit une nouvelle voie ferrée pour relier Alais à L’Ardoise, un autre port fluvial sur le Rhône. La ligne ARM passe alors en limite nord de notre commune (où elle longe le bois de la Bedosse). Suite à sa faillite, ARM est intégrée à la compagnie PLM jusqu’à sa fermeture en 1938.

La gare de Saint-Hilaire est ouverte en même temps que la ligne, en 1840. Elle est l’une des huit stations construites entre Alais et Nîmes. Elle est constituée d’un bâtiment voyageur et d’un abri de quai. Au sud de la gare, de l’autre côté du passage à niveau, se trouvait, jusque dans les années 1960, un faisceau de voies de garage qui se déployait en direction de Nîmes. Il servait au remisage des wagons en attente de chargement de charbon à la Grand’Combe. La construction d’un dépôt avait même été envisagée, du temps de la vapeur, du fait de la proximité de l’embranchement du Mas des Gardies à Vézénobres et pour désengorger le dépôt d’Alais. Le Conseil municipal de la commune a demandé, sans succès, l’établissement d’un quai de gare de petite vitesse en 1872, 1880 et 1923.

 

La colline du signal

Au sommet de la colline du Signal (en face du magasin « But » actuel), était érigée une bâtisse habitée, dans laquelle logeait une personne dont le rôle était de transmettre des signaux pour la sécurité du trafic sur la voie ferrée reliant Nîmes à Alais. Elle était en contact visuel au nord avec la tour Pouget[3] (située à Alais sur la colline de Conilhères) et au sud avec le Mas des Gardies. Cette construction renfermait une salle voûtée au rez-de-chaussée et un étage où vivait l’employé. L’amélioration des communications le long des voies a rendu obsolète cette construction. Elle est tombée progressivement en ruine et a été rayée définitivement de la colline en 2015.

 

D’après les souvenirs de Mme Latapie, habitante de la commune, qui a fêté en 2025 ses 100 ans, « À cette époque (après l’occupation allemande), les gens se chauffaient au bois et au charbon et le transport par voie ferrée était très utilisé. C’était le temps du charbon, l’usine France, située route de Nîmes au Mas Bruguier, fabriquait des moules pour les boulets de charbon. Si vous aviez la chance de connaître un conducteur, ce dernier, de temps en temps, donnait un grand coup de frein qui avait pour effet de faire tomber le précieux minerai ». Les gens allaient donc le long des voies pour ramasser du charbon tombé des wagons.

 

Malheureusement, en 1960, la SNCF supprime la desserte voyageur de Saint-Hilaire. Le passage à niveau est supprimé le 15 mai 1964. La gare sera brièvement rouverte en 1982, mais sans qu’aucun travaux n’y aient été effectué ; elle sera fermée ensuite… Des projets existent toujours pour la faire renaître.

Le bâtiment voyageur a été vendu et transformé en habitation. Il existe toujours le château d’eau à côté de l’ancienne gare. Les constructions bordant l’ancien faisceau de marchandises ont été également reconverties en habitations.

Sources :

Article « Compagnie des mines de la Grand’Combe et des chemins de fer du Gard », Wikipedia, consulté le 15/10/2024.

« Histoires d’un autre temps, Saint-Hilaire de Brethmas », Ouvrage réalisé par le Conseil des Sages de la Commune de Saint-Hilaire de Brethmas, sous la coordination de G. Drolet, F. Mercier et A. Rigal, 2015.

[1] La SNCF créée en 1938 est une émanation de la PLM et des autres compagnies ferroviaires privées de l’époque : nord, est, Paris-Orléans et Midi.

[2] C’était le café Poudevigne aujourd’hui disparu.

[3] Ou tour de Pouget, elle fut détruite en 1987.