Le 11 mars 2017, la municipalité de Saint-Hilaire de Brethmas a décidé d’inaugurer la place du village du nom d’Eugène Daufès. Eugène Daufès est né à Alès le 23 juillet 1872 et exerçait le métier de cuisinier au moment de l’élaboration de sa fiche matricule[1]. Il a participé à la Première Guerre mondiale et la campagne contre l’Allemagne puis en mai 1917 il a été maintenu aux services auxiliaires par la commission de réforme d’Aix en Provence pour cardiopathie et neurasthénie.
En présence du Préfet du Gard, Didier Lauga et d’élus locaux, les membres du conseil municipal des enfants ont retracé l’histoire d’Eugène Daufès. Jeanne Boyer-Rousseau, habitante de la commune et petite fille d’Eugène Daufès[2], a rendu hommage à son grand-père. Ce fut aussi le cas d’Aurélien Rousseau[3], arrière-petit fils d’Eugène Daufès, qui a décidé de lui rendre un vibrant hommage : « c’était un vieux militant républicain qui, se tournant sur un passé souvent parsemé d’embûches, pouvait en vain y chercher l’ombre d’un moindre reniement. Il était de ceux qui incarnent la définition la plus haute de l’homme. Les ans avaient usé son corps, mais ils avaient laissé intact des convictions vieilles de plus d’un demi-siècle, qui n’avait jamais cédé à un conformisme parfois, pourtant, humain. Quant à l’opportunisme, c’est un sentiment qui ne l’avait jamais effleuré. Il constituait l’homme intègre, plein de droiture, dans toute l’acception du terme. C’est la résistance qui nous a mis en contact : croyant avoir affaire à un néophyte, je tombais sur un homme averti et qui gravitait dans une sphère qui l’approuvait et qui l’aidait, car toute sa famille et de la même trempe ; là, le devoir civique est un impératif qui ne souffre aucun amendement. La maison, ce chalet Suisse noyé dans la verdure devint un quartier général, un refuge pour les militants clandestins. Nous nous y trouvions tous, aux opinions les plus diverses, pour conspirer contre l’occupant et ses valets. Nous occupions déjà un coin de la France libérée. En juillet 1944, la Waffen découvrait ce repère. Eugène Daufès devait subir des sévices et voir piller son habitation ; il fut même incarcéré malgré son grand âge, au fort Vauban avec ceux qui périrent au puits de Célas. La libération devait le trouver à la tête du combat avec, pour charge, l’administration de sa commune ».
Eugène Daufès avait donc, avec sa fille et son gendre, activement participé à la Résistance contre les nazis. Le 24 août 1944, jour de la libération d’Alès et d’autres villes du bassin alésien, telles que Saint-Hilaire de Brethmas, c’est Eugène Daufès qui prononcera le discours sur la place de la mairie. A la demande du comité de Libération et du Préfet, il présidera la commission communale de Libération qui administrera la commune jusqu’aux élections municipales de 1945. Son gendre, René Boyer, sera l’un des vice-présidents. Ils cèderont leurs fonctions en mai 1945 à Paul Sol (maire) et à Maurice Saussine (adjoint) nouvellement élus.
Par la suite, Eugène Daufès a été à l’origine du syndicat de sériciculture[4] du Gard. Il était déjà, avant la guerre, membre de la commission supérieure de la sériciculture au Ministère de l’Agriculture. Il est décédé le 28 juin 1950
[1] Cheveux châtains, yeux marron, il mesurait 1,68m, ce qui était bien au-dessus de la moyenne à cette époque-là.
[2] Fille de Jeanne Daufès, voir panneau d’interprétation « le chalet ».
[3] Directeur adjoint de cabinet du Premier ministre Bernard Cazeneuve, directeur de cabinet de la première Ministre Elisabeth Borne et ministre de la santé sous la présidence d’Emmanuel Macron du 20 juillet au 20 décembre 2023.
[4] Élevage des vers à soie.