L’école du village : entre tradition et modernité.

Une origine ancienne.

La première mention d’une école à Saint-Hilaire remonte à 1687[1] mais elle devait certainement exister avant. Le maître (régent) est rétribué par la communauté et les parents paient aussi pour envoyer leurs enfants à l’école. L’apprentissage dispensé était de lire, puis écrire, puis compter : pas les trois en même temps. A cette époque-là, la pression religieuse est forte sur l’Éducation car, en 1606, dans l’Édit du mois de décembre du roi Henri IV, il est précisé que les maîtres d’écoles des petits villages doivent être approuvés par les curés des paroisses ou les personnes ecclésiastiques. En février 1657, d’après la déclaration du roi Louis XIV, les maîtres d’écoles doivent faire officiellement profession de foi catholique.

L’ouvrage d’EJ Rouverand[2] nous apprend que la vie scolaire, au début du XVIIIème siècle, se déroulait dans un local nommé « l’hospital », un édifice situé dans le centre du village. Vers 1700, la communauté municipale s’imposait annuellement de 10 livres pour le loyer de la maison appartenant à la dame de Peyreblanque où l’on tenait « l’escole ». Au XVIIIème siècle, on voit que le savoir des enfants de cette époque n’était pas d’un niveau très élevé, et les conséquences devaient se faire sentir chez un certain nombre d’adultes. C’est d’ailleurs ce qu’affirme l’historien Jacques Levron « en dépit des petites écoles de village, le nombre de gens ne sachant pas écrire restait à la fin de l’ancien régime, très élevé. » Il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour un développement significatif du niveau scolaire.

Lors de ce siècle, l’ordonnance royale du 29 février 1816[3], veut que, dans les communes où les deux cultes catholiques et protestants sont professés, les enfants de chaque religion aient des écoles séparées.

Il existe une école au village sous la Restauration et au début de la monarchie de Juillet, mais la salle commune a besoin de travaux. En 1833, une autre école ouvre à Larnac. Un instituteur est rétribué 200 francs par mois et la rétribution mensuelle, pour les familles, est d’1 franc pour la lecture, 1,5 franc pour la lecture et l’écriture et 2 francs pour la lecture, l’écriture et le calcul. 12 enfants dont les parents ont des moyens limités sont admis gratuitement.

Le 18 mars 1877, le conseil municipal constate que l’école située au-dessus du four communal[4] est inhabitable pendant les chaleurs et elle gêne la circulation de l’unique rue qui fait l’entrée du village.

 

Un nouveau projet d’école à la fin du XIXème siècle.

Le 21 février 1878, les plans sont présentés avec le devis du projet de construction scolaire comprenant une école de garçons et une école de filles au village.

Durant l’été 1880, le conseil municipal fait savoir que l’école de la Jasse est déjà installée dans son nouveau local. Celle du village sera prête dans un mois environ, pour la rentrée 1880-81, soit un an avant les mesures prises par Jules Ferry (lois 1881-82) rendant l’école gratuite, laïque et obligatoire. Cette nouvelle école se situe au centre du village devant la fontaine (actuelle place E. Daufès) de part et d’autres de l’ancienne mairie avec un côté pour les filles et un pour les garçons.

L’école regroupait les enfants du village et des hameaux de La Coste, de Tribies, de La Lègue et du Mas Bruguier. Il n’y avait pas de rivalité ni de « bandes » à cette époque. Les enfants venant des hameaux éloignés faisaient le trajet à pied quatre fois par jour et ramenaient le pain le midi pour la famille. Pendant les récréations, les garçons jouaient sur la place alors que les filles étaient dans un jardin voisin. Il n’y avait pas de grille et encore moins de vidéosurveillance à cette époque.

Lors des conseils municipaux, il est régulièrement fait état des dépenses faites par la municipalité pour subvenir aux besoins des élèves en matière de matériel scolaire en passant des marchés de gré à gré. En 1936, lors de la l’arrivée au pouvoir du front populaire et de la mise en place de ses mesures phares[5], le maire annonce, le 20 juin 1936, qu’un crédit de 2 000 francs a été prévu au budget primitif de l’année pour l’envoi des enfants nécessiteux à la mer ou à la montagne. Contrairement à ses prévisions, il n’y a eu l’inscription que de deux enfants pour la mer, pour un montant total de 440 francs. Par conséquent, le reliquat de la somme votée sera affecté à l’entretien des chemins divers, dont l’état de viabilité laisse fort à désirer. L’école du centre du village a été utilisée jusqu’en 1955.

 

Des besoins croissants au gré d’une hausse de population.

La démographie active depuis la libération de la France nécessite la construction d’une nouvelle école, en remplacement des deux classes de part et d’autre de la mairie. Ce nouveau bâtiment, situé à son emplacement actuel, ouvre en 1956 et pour la première fois l’école sort de l’hyper centre du village afin de bénéficier de davantage d’espace tout en étant à proximité du centre du village. Les petites sections et la classe enfantine sont hébergées dans la nouvelle école, la cour est encore en terre battue. Il y a un directeur pour les filles et un directeur pour les garçons. Mais les classes sont mixtes contrairement à la séparation qui existait dans les bâtiments encadrant la mairie. En 1962, un article fait état de l’école du village avec 4 classes et un total de 110 élèves.

Dans les années 1970, un seul directeur est nommé pour les quatre sections de l’école du village et c’est le poste qu’occupera M. Émile Maurin[6] pendant 17 ans. Comme pour l’école de la Jasse, l’ouverture de l’école au Mas Bruguier va faire baisser les effectifs par le jeu d’une répartition homogène sur les trois écoles. Dans le livre de l’abbé André, le recensement de 1988 mentionne seulement trois classes pour un total de 53 élèves au village. En raison de la croissance démographique[7] et de la fermeture de l’école du Mas Bruguier en 2003, les effectifs ont mécaniquement augmenté au village avec une classe par section du CP au CM2. En 2021, la commune a même vu la création d’une 6ème classe avec deux CP et un total, en 2025, de 141 élèves sur les 403 enfants scolarisés sur la commune.

 

Une école inaugurée au nom de Josette Roucaute.

Après une première rénovation en 2001 puis une extension en 2006, l’école du village de Saint-Hilaire, construite en 1956, nécessitait une rénovation d’ampleur pour atteindre les objectifs énergétiques actuels, assurer un environnement sain et confortable, pour les enfants, y compris en saison chaude et, enfin, pour gérer le risque inondation.

A l’issue d’une cérémonie de nomination le 25 avril 2015, l’école prend le nom de Josette Roucaute[8], déportée à Ravensbrück durant la Seconde Guerre mondiale. Elle déclare : « Je suis ni fière, ni honorée qu’une école porte mon nom mais plutôt satisfaite que les générations futures n’oublient pas, en voyant cette plaque, ce qu’il s’est passé. Pour cela, je remercie vivement le maire et son conseil municipal à l’initiative de cette proposition ».

Le projet de réhabilitation et d’extension de l’école J. Roucaute a été reconnu Bâtiment Durable Occitanie niveau Argent, en novembre 2022, pour sa phase conception.

 

Une rénovation en 2024.

Le projet de restructuration comprend la rénovation du bâtiment principal contenant les salles de classe, la démolition de deux petits bâtiments non utilisés et obsolètes et la construction d’une extension pouvant accueillir une 6ème classe, un restaurant scolaire dimensionné pour 60 repas, un pôle d’accueil périscolaire intégrant une salle multi-activités, des bureaux et un nouveau bloc sanitaire accessible depuis la cour. Le projet englobe également le réaménagement des espaces extérieurs avec une désimperméabilisation partielle de la cour pour en faire une cour « oasis », sujet pour lequel les enfants ont été mis à contribution. Le toit est intégralement recouvert de panneaux solaires afin de couvrir les besoins énergétiques de la structure et des bâtiments communaux adjacents. L’isolation de l’extension, en balle et paille de riz témoigne de la volonté de créer un bâtiment à partir de matériaux locaux et biosourcés.

[1] Voir EJ. Rouverand dans sa monographie sur le village.

[2] Saint-Hilaire de Brethmas : monographie communale.

[3] Signée de la main de Louis XVIII, roi de France et frère de Louis XVI.

[4] Intersection entre la rue du Pailleras et la rue de la Burguerine.

[5] Hausse des salaires entre 7 et 15%, semaine de travail qui passe de 48 à 40 heures et surtout la mise en place de deux semaines de congés payés.

[6] Également maire durant deux mandats de 1971 à 1983.

[7] 4 750h en 2025.

[8] Un panneau d’interprétation la concernant est présent à deux endroits sur la commune : à l’école Roucaute et devant son dernier logement rue des écoles à proximité de l’école Deleuze de la Jasse.