La bordure cévenole témoigne de la présence d’une mer peu profonde.

Après le cycle de fermeture des océans, accompagné de la formation de très grandes chaînes de montagnes (lien vers la page « Cévennes »), commence un nouveau cycle, où les continents se séparent par l’ouverture de nouveaux océans. Les schistes et les granites mis en place en profondeur au cours de la formation de la chaîne de montagnes, affleurent suite à une érosion intense. Ils sont altérés et rubéfiés (rougis par la formation d’oxydes de fer) puis recouverts par des roches sédimentaires disposées en couches témoignant de l’avancée puis de la présence d’une mer chaude et peu profonde pendant 70 millions d’années. Ces roches affleurent dans les collines bordant le fossé d’Alès.

Figure 1 : Vers l’ouest, panorama de la bordure cévenole vu depuis le chemin de la Rouquette et image 3D de la carte géologique simplifiée réalisée avec Géoportail.

L’observation de quelques affleurements dans ces collines, permet de comprendre comment les géologues ont pu reconstituer cette histoire.

Des reliefs altérés et érodés.

Les premières roches déposées sont des conglomérats[1] et des grès[2] composés de galets mal roulés, de gravier et les sables soudés. Entre -250 et -240 millions d’années, des rivières divaguaient sur les grandes étendues planes, les alluvions étaient déposées dans des chenaux lors des périodes de crues.

[1] Les conglomérats sont des roches formées de fragments de roches, galets, graviers, sable, agglomérés

[2] Les grès sont des roches formées de particules de sable agglomérées.

Figure 2 : Photographies d’un ancien chenal d’un cours d’eau aux Aigladines commune de Mialet et schéma explicatif.

L’avancée de la mer dans des bassins soumis à une très forte évaporation.

Au-dessus, les couches déposées sont des dolomies[1], des argilites, du gypse. Ces roches se forment lorsque l’évaporation est intense, comme actuellement dans les sebkas (dépressions inondables avec une salinité élevée) des pays semi-arides. Entre -240 à -200 millions d’années, la mer progressait sur cette ancienne chaîne des montagnes complètement aplanie. Des retraits épisodiques favorisaient la formation de bassins fermés à l’intérieur desquels se déposaient du sable, des argiles. Lorsqu’il y avait un assèchement, le magnésium se concentrait, provoquant la précipitation du carbonate de calcium et de magnésium formant de la dolomie. Ces grandes étendues plates étaient sillonnées par des reptiles et les premiers dinosaures.

[1] La dolomie est une roche sédimentaire carbonatée composée au moins de 50% de dolomite, un carbonate double de calcium et de magnésium.

Figure 3 : Image du désert du Thar, Rajasthan en Inde, une zone semi-aride actuelle. Image réalisée avec Google Earth.

Cet environnement actuel est équivalent à celui de notre région, il y a 230 millions d’années.

Figure 4 : 1 : couches de dolomies, argilites aux Aigladines commune de Mialet, 2 : couches d’argilites et grès, 3 : couches d’argile noire et de dolomie au col d’Uglas situé à quelques km au-dessus des Aigladines.

Sur ces couches de roches, les promeneurs avertis ont identifié des empreintes qui ont été étudiées par les paléontologues. Ils ont identifié des empreintes appelées Chiroterium (littéralement cela signifie « animal main), attribuées à des reptiles thécodontes (proches parents des crocodiles actuels). Mais aussi des empreintes tridactyles nommées Grallator attribuées aux premiers dinosaures bipèdes à pattes redressées le long du corps. Ces animaux sont représentés sur l’aquarelle suivante.

Figure 5 :   Aquarelle à venir du paléoenvironnement

A La Grand-Combe sur une dalle dégagée par un ravinement, les paléontologues ont identifié des empreintes nommées Otozoum grandcombensis avec quatre doigts, d’une longueur d’une cinquantaine de cm, correspondant à des traces de pieds et de mains tétradactyles, laissées par un animal bipède occasionnellement quadrupède. Il s’agissait probablement d’un grand dinosaure Prosauropode plantigrade, d’une dizaine de mètre de longueur.

A son voisinage, plusieurs pistes d’empreintes à trois doigts, d’une vingtaine de cm de longueur nommées Grallator andeolensis, se croisent. Ce sont les empreintes d’un petit dinosaure carnivore de 2,5 m de long environ. Ces animaux sont représentés sur l’aquarelle suivante.

Pour observer ses empreintes, vous pouvez visiter le parc Dinopedia à la Grand-Combe.

Figure 6 :   Aquarelle à venir du paléoenvironnement

Une mer ouverte recouvre notre région.

Il y a 190 millions d’années, une mer ouverte est installée sur la bordure cévenole et dans le bassin du sud-est. Toutes les roches datées entre -190 à -130 millions d’années sont des dolomies, des calcaires[1] et des marnes[2] dans lesquelles sont identifiés des fossiles marins. Dans de l’eau chaude et peu profonde, le carbonate de calcium forme des cristaux qui se déposent, la roche constituée est du calcaire. Lorsque le niveau de l’eau augmente, le mélange de carbonate de calcium et d’argile forme des marnes.

[1] Le calcaire est une roche sédimentaire facilement soluble dans l’eau et qui se compose principalement de calcite ou carbonate de calcium.

[2] La marne est une roche sédimentaire, mélange de calcite (CaCO3) et d’argile dans des proportions à peu près équivalentes variant de 35 % à 65 %

Figure 7 : Couches de dolomies datées de -190 millions d’années (1 et 2), articles de crinoïdes fossiles dans la dolomie (3), représentation d’un crinoïde[1]. Photographies d’affleurements au col d’Uglas.

[1] Les crinoïdes ou lys de mer, sont des animaux marins appartenant aux échinodermes, caractérisés par un squelette calcaire articulé, composé de plaques articulées et une symétrie radiale. Après leur mort les éléments du squelette sont dissociés par les courants. Les crinoïdes sont un groupe ancien, ayant survécu à plusieurs extinctions massives, et on estime qu’il existe actuellement environ 700 espèces vivantes. Les crinoïdes formaient au cours de cette période géologique des prairies sous-marine.

Sur la bordure cévenole, les dépôts sédimentaires sont faibles alors qu’au sud et à l’est dans le bassin, sur une profondeur de 1 000 m, se déposent des sédiments à l’origine des marnes noires (jusqu’à 3 000 m de sédiments) qui comblent le bassin. Ces marnes contiennent des fossiles, ammonites, rostres de Bélemnites mais aussi des squelettes d’Ichthyosaures, reptiles marins de la taille d’un dauphin chassant les ammonites et les bélemnites pour se nourrir.

Figure 8 :   Aquarelle à venir du paléoenvironnement

Figure 9 : Marne et couches de calcaires datées de -167 à -164 millions d’années (1 et2), empreinte d’une ammonite dans la marne (3), représentation d’une ammonite. Photographies prises à Blateiras (commune de Générargues).

Figure 10 : Couches de calcaire à L’Ermitage et au sommet de Saint Germain datées de -150 à -145 millions d’années.

Figure 11 : Marne datée de -140 à -133 millions d’années à Blateiras (1) et empreinte d’une ammonite dans la marne à Vézénobres (2).

L’origine tectonique[1] de la présence de la mer.

Il y a 250 millions d’années, tous les continents sont soudés et forment un unique grand continent : la Pangée. Ce continent s’étire, se fractionne. Il se forme d’abord des fossés appelés rift, ensuite la poursuite de la divergence des plaques lithosphériques provoque l’ouverture des océans.

[1] La tectonique en géologie désigne l’étude des déformations de l’écorce terrestre dues à des forces internes, ainsi que la structure des roches résultant de ces déformations, notamment à travers la tectonique des plaques.

Figure 12 : Échelle des temps géologiques situant la présence de la mer dans notre région dans le temps

Les cartes du monde sont issues d’images modifiées réalisées par Christopher Scotese et les cartes de la France sont des cartes simplifiées issues de l’ATLAS Péri-TETHYS.

Les trois stades principaux d’évolution des océans. Le dernier stade sera expliqué dans la page « Retrait de la mer ». Modifié d’après Marcel LEMOINE.

 

La bordure cévenole aujourd’hui.

Les couches de roches formées sous la mer sont à l’affleurement uniquement dans la bordure des Cévennes et plus à l’ouest sur les grands causses. A l’origine, la mer recouvrant les schistes et les granites altérés et érodés du Massif central, les couches de calcaires et de marnes ont été, en partie, érodées au cours des phénomènes de surrections des Cévennes (lien vers la page « Reliefs »). Ces couches sont présentes entre -500 et -2 000 m de profondeur sous notre commune.

Figure 14 : Carte géologique simplifiée de notre région réalisée avec Géoportail.